Le Glossaire

Avoir la pancarte

Si ton directeur sportif te dit « Reste au chaud, t’as la pancarte et si t’essaies de mettre le nez à la fenêtre tu vas te retrouver dans le gruppetto avec les domestiques », cela signifie qu’il faut que tu reste tranquille dans le peloton. Attends demain pour attaquer tes adversaires.

Bon de sortie

Le bon de sortie est une stratégie d’équipe qui revient à laisser partir, dans une échappée, un ou plusieurs coureurs adverses peu dangereux. C’est utile pour faire rouler les autres équipes qui visent la victoire d’étape, et cela permet aux leaders de maîtriser la course sans trop se fatiguer. Facile. On distribue généralement les bons de sortie comme on donne les restes de son repas à son chien, et il vous fera même la fête à la fin de l’étape s’il reçoit le prix du plus combatif.

Braquets d’asthmatique

Les braquets d’asthmatique sont des braquets très faciles qui permettent au cycliste de tourner les jambes facilement, cela correspond à mettre le plus grand pignon, le plus petit plateau, et à tester la torsion maximale de sa chaîne. Crouic, crouic, crouic. Auparavant, cette expression était utilisée pour chambrer le coureur en difficulté qui se met sur la moulinette pour ne pas rester coller au bitume. Aujourd’hui, être asthmatique est de plus en plus répandu chez les coureurs pros, et semble être très pratique pour obtenir des dérogations pour se faire des petites soirées Ventoline. N’est-ce pas Chris ?

Chasse-patate

Je les vois, je les vois plus, je les vois, je les vois plus ! Argggh ! Être en chasse-patate est une situation que l’on ne souhaite à personne, même pas à son pire ennemi ! Cette situation désigne un coureur qui est sorti d’un groupe pour rejoindre la tête de course, et qui, malgré tous ses efforts, ne parvient jamais à rallier le premier groupe. Tout seul, face à sa souffrance, il s’épuise en vain à rattraper ceux qui sont partis plus tôt, un peu la vie de Laurent Wauquiez derrière Marine Le Pen en fait.

Chaudière

Chaudière à ventouse ? Chaudière à condensation ? Dans le jargon cycliste une chaudière ne désigne ni un système de chauffage domestique, ni une femme ayant envie de se faire une session grimpette après la remise du bouquet un jour de criterium. La chaudière est le sobriquet du coureur dopé qui réalise une performance hors du commun, tellement hors du commun qu’on a l’impression de voir le combustible se consumer au travers de ses pupilles dilatées !

CLM

CLM n’est pas un groupe de rap français mais les initiales de « contre la montre », une épreuve en ligne chronométrée. Les coureurs fraîchement épilés enfileront leurs cuissards pour un plaisir solitaire qu’ils tenteront de conclure le plus rapidement possible sous les yeux de milliers de supporters allemands et de téléspectateurs du monde entier. Je vous rassure ce spectacle peut être regardé par les enfants.

Coup de cul

Ce coup de cul n’a rien à voir avec un combat entre Iggy Azalea et Cardi B, ce terme du jargon cycliste désigne une très courte ascension avec un fort pourcentage. Difficile de rester aux avants-postes pour un « gros cul », et pas assez sélectif pour un pur grimpeur, le coup de cul donne à d’autres coureurs l’occasion de s’employer. Si le peloton somnole, le coup de cul se sentira à peine, mais si un petit malin décide de forcer le rythme, ça peut faire mal.

Descendre comme un fer à repasser

T’as déjà vu un fer à repasser descendre quelque chose ? Bah non, et c’est bien ça le problème. Cette expression désigne un cycliste très peu habile lorsqu’il doit redescendre d’une montagne après avoir fait la bascule au sommet d’un col. Mains sur les cocottes, dégaine de crapaud sur son vélo, abordant les lacets avec des trajectoires dignes d’une soirée trop arrosée au Macumba, le fer à repasser redescend péniblement dans la plaine. Le plus marrant c’est lorsque ce fer à repasser est un grimpeur qui réussit le tour de force de perdre tout l’avantage grappillé dans l’ascension précédente…

Faire l’accordéon (R.I.P Yvette Horner)

Synonyme de faire l’élastique, faire l’accordéon signifie être en ballottage entre 2 groupes de coureurs : par exemple entre l’échappée et le groupe de poursuivants, ou entre le peloton et le grupetto. En bref, cela revient à être trop en canne pour le deuxième groupe, et pas assez pour suivre l’allure du premier… et c’est chiant. Un peu comme être le meilleur footballeur d’une équipe qui joue le maintien ou la plus jolie fille de Picardie.

Fringale

Expression typique, la fringale désigne le pire cauchemar du cycliste, un peu comme le coup de grisou pour un mineur. La fringale correspond à un soudain coup d’arrêt provoqué par un manque d’alimentation. Et là, pour ne pas rester scotcher à la route, le cycliste pro se transforme en junkie et serait prêt à tout pour quelques pâtes de fruit, un coca-cola ou n’importe quelle source de sucres rapides !

Fumer la pipe

Coppi, Bartali, Bobet, Bahamontes, Merckx, Thévenet, Van Impe… Ils sont nombreux à avoir fumer la pipe dans l’Izoard et on parle de sacrés clients ! Pourtant, aucune trace de tabac-presse ni de bar à chicha dans les lacets du col mythique. L’expression fumer la pipe s’emploie lorsqu’un coureur semble imbattable et, par exemple, qu’il progresse facilement dans une ascension. Si facilement, qu’il pourrait sortir sa pipe et aspirer quelques taffes en toisant ses adversaires du coin de l’œil. Même si fumer la pipe semble assez peu répandu chez les cyclistes actuels, certains joueurs du PSG ont pris l’expression au pied de la lettre et s’enfument régulièrement les bronches dans les bars à chicha de la capitale. #SergeAurier

 

Giclette

Sortir du peloton pour partir seul, faire exploser une échappée à 5 kilomètres de l’arrivée en profitant d’un léger replat, contre-attaquer un grimpeur dans une ascension pyrénéenne. Toutes ces situations de la vie quotidienne (du cycliste) nécessitent d’avoir de la giclette pour s’extraire d’une situation et balancer la purée à la face de ses rivaux. Attention aux éjaculateurs précoces qui pensent avoir de la giclette, mais coupent leur effort 50 mètres après leur démarrage !

Gregario

Le gregario n’est pas un type à la mine patibulaire se baladant avec baguouses et chaînes en or sur la chemise ouverte, non ce n’est pas un porte-flingue corso-italien qui se planque sur le vieux port pour échapper aux poulagas. Le gregario c’est l’équipier de l’ombre, le coureur dévoué à son leader chargé de remonter les bidons depuis la voiture du directeur sportif, de prendre le vent en tête de peloton pour rattraper les échappés ou de filer son vélo lorsque la star de l’équipe vient de crever. Bref, le gregario c’est le smicard du peloton qui espère mettre du beurre dans les épinards grâce aux primes de victoires récoltées par son équipe… Et à ce petit jeu là mieux vaut être gregario à la Sky que chez Wanty – Groupe Gobert !

Grupetto

Contrairement à la majorité des emprunts linguistiques à nos amis transalpins le mot “grupetto” ne désigne ni une spécialité culinaire, ni une discipline artistique ou un vêtement bien coupé. Le grupetto est une organisation parallèle qui permet aux grégarios et sprinteurs du peloton de rallier l’arrivée de l’étape à leur rythme dans les délais impartis. L’objectif étant d’arriver à bon port sans trop se fatiguer, le jargon cycliste à jugé bon d’employer un mot italien.

Mafia

Être dans la mafia signifie être dans un groupe composé de coureurs d’équipes différentes qui partagent ponctuellement un objectif commun, à savoir flinguer un ou plusieurs autres coureurs du groupe. La mafia est très pratique lorsqu’on est dans une échappée où il y a un sprinteur beaucoup trop fort, pour se partager une prime dans un criterium au fin fond du Limousin, ou pour faire gagner ses petits copains italiens lorsqu’on est soi-même italien. Si t’es dans ce groupe et que tu ne fais pas parti de la mafia, il va falloir être en canne et se faire péter les varices !

Manger de la luzerne

Manger de la luzerne n’a rien à voir avec un jeu entre filles, ou à une quelconque pratique végane, il n’existe d’ailleurs aucun « bar à Luzerne » à Paris. C’est tout simplement un synonyme de chute, de gadin, de pelle, de vautre… Cela arrive souvent en descente, et si vous voulez savoir ce que ça fait, demandez à Joseba Beloki ! A priori, il a a une bonne anecdote sur sa descente de la côte de la Rochette en 2003.

Mettre tout à droite

Alors que l’équipe de la République en Marche (REM) a choisi de mettre le deuxième plateau et le quatrième pignon, mettre tout à droite signifie choisir le développement le plus difficile. Cela permet de parcourir le maximum de distance à chaque coup de pédale au prix d’une souffrance intense. A l’opposé de cette stratégie, Philippe Poutou mouline comme un dératé sur le petit plateau et le plus grand pignon, une option payante lorsque l’on doit gravir l’Everest.

Mettre une mine

A ne pas confondre avec kamikaze. Mettre une mine (ou minasse) revient à tenter de faire exploser un groupe constitué de plusieurs personnes situées autour de vous… et de s’en extraire le plus vite possible. Cette activité pratiquée essentiellement en Afrique Centrale ou dans les Balkans et également courante sur les épreuves cyclistes. Dans ce cas là, c’est souvent un grimpeur qui tente d’éparpiller un groupe, et le seul risque est de se faire péter les varices !

Oreillette

L’oreillette permet au coureur de pouvoir entendre son directeur sportif et même de communiquer avec lui par le biais d’un petit micro. Le principal avantage pour un directeur sportif est de pouvoir donner des indications de course à ses coureurs, ce qui permet de limiter les conneries de certains. Le principal désavantage est de se faire gueuler dessus pendant 200 kilomètres lorsqu’on a le cul vissé sur une selle. Et à ce compte là, il vaut mieux ne pas être dans une équipe espagnole !

Piocher (Synonyme : Thomas Voeckler)

Piocher ne veut pas dire tirer une carte au hasard dans la main de son adversaire. On utilise cette expression pour décrire un coureur en pleine ascension qui progresse difficilement au prix de grands coups de pédales assez inélégants. Si vous croisez Chris Froome en train de piocher, passez-lui un piolet, une barre de grany, une corde et quelques mousquetons. Non on déconne, ne faites rien.

Poisson-pilote

Le poisson-pilote est une espèce particulière de coureur cycliste qui aime se frayer un chemin dans le banc de poissons formé par le peloton. Son rôle est de placer le sprinteur de l’équipe dans une situation idéale dans les 300 derniers mètres avant la ligne d’arrivée et de s’effacer au dernier moment pour lui laisser envoyer les watts pour l’emballage final ! Le poisson-pilote est donc un coureur adroit et rapide, mais pas assez adroit et rapide pour être la star de l’équipe. Un peu comme Kevin Gameiro en fait.

Le pot Belge ?

Le pot Belge n’est ni un smoothie gluten free que l’on consomme en after-work, ni la version liégeoise du Spritz. C’est un savoureux cocktail constitué d’amphétamines, d’antalgiques, d’héroïne et de cocaïne… C’est un peu le Long Island de la dope.
Bon à savoir, dans les années 90/2000 il était autant apprécié chez les cyclistes et les auditeurs de drum’n’bass.

 

Prendre un éclat

Lorsqu’un bûcheron s’acharne à grand coup de masse sur un coin en métal pour fendre un billot de chêne, il arrive que des éclats soient projetés. C’est très dangereux pour les jambes des bûcherons et ça fait affreusement mal ! C’est exactement pareil pour les cyclistes. Si tu subis une attaque en pleine ascension et que tu n’arrives pas du tout à réagir, tu viens de prendre un éclat… Et c’est pas cool.

Rentrer dans le coffre d’une voiture

Rien à voir avec un numéro d’illusionnisme de Dani Lary. Et contrairement aux apparences, cette pratique répréhensible est possible aussi bien pour Nairo Quintana que pour Marcel Kittel ! Lorsqu’un coureur est lâché, cette pratique consiste à se caler dans la roue d’une voiture de directeur sportif pour profiter de l’aspiration et rentrer plus rapidement dans le peloton. Attention tout de même au freinage pour éviter de vraiment s’encastrer dans le coffre de la bagnole !

Saler la soupe

Peu au fait des problèmes d’hypertension artérielle, certains coureurs ont parfois la main lourde sur la salière. Les docteurs Michele Ferrari ou Willy Voet sont des exemples de praticiens qui ont largement sous-estimé la consommation de sodium auprès des coureurs qu’ils ont conseillés.

Sucer la roue

Sucer la roue n’est pas une pratique encouragée par la Fédération Française de Cyclisme, ni une pratique fétichiste en vue dans le peloton. Sucer la roue signifie être bien calé dans le sillage de son adversaire direct et le surveiller de près sans jamais effectuer un relais qui lui permettrait de se reposer. De façon générale les cyclistes n’aiment donc pas se faire sucer la roue.

Train

Chez les cyclistes, le train n’est pas un moyen de transport pour feignasses, célèbre pour ses retards. Il s’agit d’une file de coureurs de la même équipe chargés d’assurer un rythme d’enfer, pour dissuader toute tentative d’attaque dans les derniers kilomètres et emmener leur sprinteur à l’abri du vent et des chutes le plus près possible de l’arrivée. Si un bon gros TGV à 5 wagons est souvent le plus sûr moyen de l’emporter au sprint, certains coureurs sont passés maîtres dans l’art de resquiller et de profiter des trains des autres. Cette gruge est alors saluée comme une démonstration de ruse et d’habileté.